Carburants de synthèse

Dans le domaine de l’hydrogène, l’année 2023 a été marquée par l’annonce de nombreux projets de production de carburants de synthèse en Europe (incluant la France) et d'autres régions hors Europe caractérisées par un potentiel renouvelable important.

Cette dynamique s’explique en particulier par une régulation européenne fixant des objectifs ambitieux d’intégration de ces carburants dans le mix de consommation des secteurs aérien et maritime (indirectement pour ce dernier via un objectif CO2), or ces secteurs présentent peu d’autres solutions de décarbonation.

Comparativement aux premières années de la décennie qui étaient très orientées vers le développement de projets industrie et mobilité en usage direct de l’hydrogène, en 2023 la filière e-fuels représente une part majoritaire des nouveaux développements annoncés liés à l’H2, et donc une part également significative du potentiel de consommation/production d’H2 à moyen terme.

Le développement de cette filière e-fuels s’accompagne néanmoins d’un certain nombre d’enjeux et d’incertitudes additionnels par rapport aux projets d’usage direct d’H2 dans l’industrie ou la mobilité (sourcing de CO2, enjeux technologiques additionnels, compétitivité vs. Imports, ...).

Parmi les sujets auxquels nous serons donc particulièrement attentifs en 2024 :

• La réalité du développement des nombreux projets e-fuels annoncés en Europe : quel taux de succès et d’échec ?

• L’évolution de la « compétition » entre imports (intra-européens et hors Europe) et production locale, qui renvoie aux enjeux de compétitivité d’accès aux intrants, de certifications et de souveraineté, et au développement des projets infrastructures d’importation dans les grandes zones portuaires

• L’évolution de l’autre « compétition », entre biocarburants (biomass-based) et e-fuels (H2-based) dans le développement des projets de carburants durables, dans un contexte de tension anticipée sur la ressource biomasse, mais aussi de hausse des coûts de la filière e-fuels

• Les stratégies des futurs grands consommateurs, compagnies aériennes et grands armateurs, pour répondre aux multiples exigences de décarbonation, et notamment les choix stratégiques de molécules dans le secteur maritime (méthane, méthanol, ammoniac voire diesel ? Bio vs. e-fuels)

• Les évolutions réglementaires qui pourraient voir le jour, via la déclinaison des objectifs et lignes directrices européennes au niveau national

• Le développement de la capture et de nouveaux modèles d’affaires autour du CO2 biogénique