Transition Énergie-Climat : Pierre Germain décrypte les évolutions des politiques publiques en Europe et en France

Dans le cadre de leur intervention dans l’émission Smart Impact de B SMART, Pierre Germain, cofondateur et Partner chez E-CUBE et Antoine Huard, cofondateur et Directeur Général de Verso Energy, ont analysé les transformations profondes en cours dans les politiques publiques de soutien à la Transition Énergie-Climat en France et en Europe. Retour sur les points clés abordés lors de cet échange.

Une évolution des priorités politiques en Europe et en France

Le Clean Industrial Act sera la « boussole » de la nouvelle Commission Européenne. Après le Green Deal du cycle 2019-2024, cette directive marque une nouvelle ère, avec l’ambition de conjuguer croissance économique, compétitivité industrielle et transition écologique. Parmi les signaux faibles de cette inflexion, on observe :

  • La remise en cause de l’échéance de 2035 pour la fin des ventes de voitures thermiques.
  • Le retour en force du gaz, avec l’Allemagne lançant un plan de 10 GW de CCGT hydrogen-ready.
  • Une volonté de simplification qui remet en question certaines directives comme la CSRD.

En France, les défis sont d’un autre ordre : retard dans la planification énergétique avec le report de la PPE, fin du Secrétariat Général à la Planification  Ecologique, et une révision à la baisse des objectifs de déploiement des énergies renouvelables (ENR). À cela s’ajoute un retour de l’antagonisme entre nucléaire et ENR.

Les raisons politiques, économiques et techniques de ces transformations

Cette inflexion stratégique s’explique pas une combinaison de raisons politiques, économiques et techniques:

  • Une capacité de financement limitée des politiques climatiques dans un contexte budgétaire tendu.
  • Des questions sur l’acceptabilité sociale de certaines mesures et l’expression dans les urnes d’une hostilité croissante quant aux politiques pro-climat.
  • Des enjeux de compétitivité industrielle et de souveraineté face à un risque de déclassement européen
  • Une difficulté à établir un modèle de marché durable et fonctionnel.

L’impact de l’élection de Donald Trump : un facteur déclencheur

L’impact géopolitique de l’élection de Donald Trump a réintroduit l’énergie comme un levier de rapport de forces international. Comme le soulignait le rapport Dragghi, des prix de l’électricité et du gaz, deux à cinq fois plus élevés en Europe qu’aux États-Unis, deviennent un avantage concurrentiel décisif pour les entreprises américaines.

Quelles conséquences pour les acteurs des filières renouvelables ?

À court terme, ce repli conjoncturel crée des opportunités de consolidation, notamment dans un contexte où les actifs de production renouvelable, jugés survalorisés ces dernières années, voient leurs prix se stabiliser.

Mais le ralentissement des objectifs pourrait aussi fragiliser l’accès aux capitaux privés, rendant les investisseurs plus attentistes.

Cette période de réajustement invite aussi les acteurs des filières renouvelables à repenser leurs stratégies :

  • Trouver des débouchés directs auprès des consommateurs pour pallier la réduction du soutien public.
  • Anticiper l’effondrement des prix en milieu de journée, notamment pour le solaire.
  • Évaluer les opportunités d’hybridation avec du stockage.
  • Repenser les modèles opérationnels pour réduire les coûts.

Retrouvez l’intégralité de l’interview de Pierre Germain ici.

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