Le développement des carburants durables, qu’ils soient issus de biomasse ou synthétiques, est un des défis majeurs de la transition énergétique car ils représentent la principale voie de décarbonation des secteurs aérien et maritime qui ne pourront recourir que marginalement à l’électricité en usage direct via les batteries. Au niveau européen, les nouvelles réglementations fixent des objectifs ambitieux de décarbonation et de développement de ces carburants durables (RED III, Refuel EU Aviation, Fuel EU Maritime, etc.). Si ce contexte réglementaire est source d’opportunités pour les différents acteurs de la chaîne de valeur et vise à donner de la visibilité aux investisseurs, il s’accompagne néanmoins encore d’un certain nombre d’incertitudes quant au développement de ces marchés. Nous résumons ci-dessous certaines des questions clés sur lesquelles notre cabinet travaille au quotidien et auxquelles nous continueront à être particulièrement attentifs en 2025 :
- Quel niveau de développement peuvent atteindre à moyen-terme les filières les plus matures à base d’huiles avec des intrants durables ? et quelles opportunités d’activités pour les acteurs de la chaîne de valeur sur le traitement et la logistique de ces huiles ? Plus matures et compétitives, ces filières sont aujourd’hui priorisées par les grands acteurs des carburants (les raffineurs en particulier) mais posent des enjeux d’accès complexe et limité aux gisements de ressources durables pour les produire. De leur niveau de développement à court terme dépendra l’évolution de la demande à moyen terme pour les autres carburants durables.
- Quels arbitrages stratégiques des futurs grands consommateurs, compagnies aériennes et grands armateurs, pour répondre aux multiples exigences de décarbonation, et notamment les choix stratégiques de molécules dans le secteur maritime (méthane, méthanol, biodiesel, ammoniac) ? En effet, si les obligations réglementaires à court-terme permettent encore aux consommateurs de « temporiser » sur leurs choix stratégiques de molécules (et plus généralement de solutions de décarbonation), cette situation ne pourra perdurer longtemps. Dans le secteur maritime, le ralentissement de la dynamique sur le e-méthanol (plusieurs projets de production abandonnés ou décalés) est-il le signe avant-coureur d’une orientation des acteurs vers d’autres solutions (bioLNG, biodiesel) ou simplement le signe d’une demande moins rapide à émerger que prévue ?
- En conséquence, quel équilibre offre/demande anticiper à horizon 2030 puis sur la décennie 2030-2040 pour les carburants durables dans leur ensemble, et pour les RFNBO en particulier ? Quel niveau de concurrence anticiper des imports, qu’ils soient intra-européens ou de projets hors Europe ? et in fine, comment la production locale peut-elle sécuriser son développement à court-terme ? Si le niveau ambitieux des objectifs réglementaires de décarbonation devrait stimuler la demande, le nombre de projets en cours de développement en Europe et également à l’étranger (mais visant à adresser l’Europe) est important. C’est en particulier le cas sur les RFNBO (e-SAF, e-methanol, …), moins compétitifs que les biocarburants, et pour lesquels les objectifs réglementaires dédiés, bien qu’en forte hausse à moyen et long-terme, sont en réalité limités à court-terme (1,2% à 2030 pour le kérosène). Les projets européens devront ainsi mettre en œuvre tous les leviers et atouts possibles pour sécuriser leur développement (sourcing bioCO2 optimisé, optimisation des chaînes logistiques, valorisation des co-produits, …), notamment face à une concurrence qui pourrait être forte des imports, pour des produits qui, à la différence de l’H2, sont facilement transportables.
- Quels risques et opportunités pose l’essor des carburants durables (et plus généralement la transition énergétique) pour les acteurs de la logistique carburants en Europe ? La décroissance des consommations de carburants fossiles en cours, a minima sur le secteur routier, et qui devrait s’enclencher sur les autres secteurs va pousser les acteurs de la logistique et des infrastructures à évoluer, dans un contexte incertain et complexe à anticiper. Ainsi, des effets antagonistes pourraient apparaitre localement en Europe entre baisse tendancielle de la demande fossile d’une part, et baisse brutale des capacités de production (reconversion ou fermeture de raffineries) et augmentation de la demande « bio » d’autre part. Au-delà de l’impact sur les actifs existants, la distribution des nouveaux carburants durables peut nécessiter le développement de chaînes logistiques ad hoc à anticiper, tant d’un point de vue technique que partenarial, en particulier pour les nouveaux entrants sur ces marchés.
E-CUBE a développé une forte expertise sur le sujet des carburants durables à travers ses projets récents et l’expérience de ses consultants. Nous serions heureux d’échanger avec vous sur ces perspectives de marché et opportunités. N’hésitez pas à contacter les experts ci-dessous pour planifier une discussion sur le sujet.